Qui peut prétendre dire le sens de l'ordinaire ? Les chercheurs dont les textes sont ici réunis, n'ont pas cette prétention. Par contre, leur ambition est bien de s'interroger sur les rapports entre la quotidienneté et l'historicité, tant du point de vue – pluriel – de la recherche en sciences sociales, que du point de vue – multiple – des acteurs sociaux. Pour ceux-ci, comme pour ceux-là, le sens de l'ordinaire ne va pas de soi. Le temps, en effet, n'est plus aux convictions de l'histoire téléologique, non plus aux certitudes des modèles économiques et sociologiques, qui intègrent conduites, structures et changement. Le temps est aux questions urgentes : sur ce qui se trame d'historique dans le quotidien, sur ce qui, quotidiennement, donne sens à l'histoire, sur l'articulation entre ces deux registres. Le temps est aussi aux questions de méthode : sur l'histoire orale et sur les usages sociologiques des histoires de vie, sur les diverses procédures d'enregistrement de la vie quotidienne, sur la production d'effets de représentation du quotidien, mais, avant tout, sur le problème spécifique posé par le projet de saisir, dans ce qu'elle a de problématique, la relation entre quotidienneté et historicité. S'agissant de ces rapports, la pluralité des auteurs et de leurs référentiels constitue plus qu'un atout pour la richesse de la confrontation : elle a valeur de métaphore expérimentale, dans la mesure où, pour les acteurs sociaux, en situation, le sens de l'ordinaire est toujours à négocier.