Par une matinée de printemps, en l'honneur d'une reine jeune et belle, une cérémonie se déroule dans la capitale d'un pays d'Europe Occidentale. Le palais, son parc, la place du Palais, la cathédrale, les rues, le fleuve, la ville organisent, suivant le cours de la cérémonie, un espace idéal. Écrire est un plaisir, conduit mot à mot, appliqué, et de toutes les façons, à la réalité. Les conventions du récit, narrateur ou œil de Dieu, sont refusées, pour une perception plus directe et comme immédiate. Langage et réalité, cependant, ne coïncident jamais que pour se séparer, revenir l'un à l'autre, se contredire, se poursuivre, se dépasser l'un l'autre, coïncider de nouveau, et de nouveau se défier. Cortège, défilé, grand'messe, rencontres amoureuses, ruptures, réalités imaginaires (attentat, bataille, révolution), parade regardée comme un dessin abstrait en mouvement, ou encore comme signe érotique, composent un objet, un spectacle mental toujours recommencé par mille consciences — les mots, ou les personnages. Une seule chose est demandée au lecteur : qu'il soit présent. L'écrivain, se reconnaissant comme tel, joue de toutes les contractions, de toutes les possibilités. Œuvre formelle et réaliste, gratuite et engagée, innocence feinte, satire qui se moque aussi d'elle-même. Le livre est ce lieu dialectique qui se révèle à lui-même à mesure qu'il grandit, qui peu à peu se construit, définissant et bousculant sans cesse ses propres limites, par un mouvement sans fin. La cérémonie est, dans un temps donné, cette fiction réalisée, cette représentation du bonheur qui s'émerveille de l'instant.