Trois millions d'exclus en France : infirmes physiques, mentaux, délinquants, immigrés, etc. Ce chiffre et ce concept sont ceux de l'État et de son administration. En parlant d'exclus, l'État rend des milliers d'hommes et de femmes étrangers à eux-mêmes et aux autres. Pour Jean-Marc Bardeau, il s'agit, au contraire, d'une réclusion étatique. En produisant ses handicapés physiques, mentaux, sociaux, à travers ses conditions de travail et d'existence, le capitalisme a dû créer ses ghettos parallèles à ses institutions d'éducation (Instituts médico-pédagogiques) ou de production (Ateliers protégés, Centres d'aide par le travail). Médecins, psychologues, éducateurs, assistantes sociales sont érigés en nouveaux juges et praticiens de cette exclusion-réclusion d'État. L'auteur rend compte ici d'un itinéaire individuel et collectif. L'itinéraire des infirmes moteurs cérébraux n'est pas exceptionnel, mais révélateur de toute une société policée, surveillée. L'étatisation des individus normaux ou inadaptés est la même.