Pierre Debray-Ritzen, qui fut le directeur du Cahier de L'Herne consacré, en 1975, à Arthur Koestler, a souhaité relier, en une véritable biographie, les différentes époques d'une vie passionnante. Mettant celles-ci en parallèle avec l'évolution d'une psychologie tumultueuse, il a détaillé, en ses diverses phases, la genèse d'une création. D'où ce livre – le seul en langue française – sur celui qu'il faut appeler aussi un contemporain capital. Il n'est pas sûr que le public français ait mesuré toute l'étendue de ce destin, et de cette œuvre. Bien des lecteurs se sont arrêtés au Zéro et l'infini ; d'autant que, après cette dénonciation du numéro un soviétique, une sourde désinformation a, durant des années, oblitéré la sortie des nombreux ouvrages qui suivirent, en faisant de leur auteur un maudit. Or, au-delà des époques sioniste et communiste de Koestler, il y en a une troisième : ce havre de la connaissance, où il est entré pour s'exprimer en une fameuse trilogie ; sur les conceptions de l'univers (Les somnambules) ; sur les créations scientifique et artistique (Le cri d'archimède) ; sur le cerveau et le paradoxe humain (Le cheval dans la locomotive). Pierre Debray-Ritzen a connu, intimement, Arthur Koestler. Il en fut le familier pendant 15 ans. Et c'est avec émotion, qu'il évoque la fin méditée de l'ami et du penseur – se confiant à lui avant le grand passage.