Oui, Marie Cardinal a raison : en lisant Magda la rivière nous avons eu le sentiment que la langue — verte, drôle, crue et pourtant inventive en diable ! — composait, à elle seule, un personnage du roman. Mais l'essentiel, c'est d'abord la limpidité du regard, la justesse du ton. À peine suggérée derrière le héros de ce livre, une immense détresse : celle d'un naufragé de l'alcoolisme et de la désintoxication, qui s'avance dans la forêt canadienne, ce mythe universel. Soudain, son destin chavire, la complicité dionysiaque de la nature le drosse, à ne pas y croire, vers le rivage d'une femme... En portant la grâce magique des contes d'enfance dans une histoire d'amour, François Depatie nous fait écarquiller les yeux, de page en page, sur une découverte singulière : qu'il est possible de signer aujourd'hui encore un roman jubilant d'espérance !