Des incidents et des infractions graves au sein de l'école sont de plus en plus souvent commentés sur la place publique, et servent de toile de fond à des polémiques non strictement éducationnelles. C'est toute la politique d'éducation, et la compétence de l'ensemble des catégories d'éducateurs (enseignants, parents, éducateurs spécialisés) qui sont mises en cause. Dans ce contexte, l'auteur se propose de prendre un peu de distance, d'abord en essayant de clarifier le concept de violence, ensuite en inventoriant les diverses explications proposées par les théoriciens des sciences humaines pour expliquer la fréquence et l'intensité des phénomènes. Au-delà des faits bruts, il met en évidence que le sens et la valeur attribués à l'incivilité et aux accidents, conditionnent et limitent le type d'interventions possibles sur le terrain. Il est montré comment un accès de violence se fabrique, et comment y contribue l'ensemble des usagers habituels et occasionnels de l'école. Aussi l'organisation de l'action éducative est-elle interrogée dans ses composantes humaines (comportementales et psycho-dynamiques), techniques (enseignement et animation) et environnementales (infrastructures scolaires, institutions familiales et sociales). Il en ressort que les questions de l'autorité et des limites sont fondamentales... mais aussi que prévention et répression ne sont pas les seules armes d'une alternative uniquement défensive. Selon l'auteur, une approche résolument éducative de la violence repose sur une réflexion épistémologique conséquente. Il soutient que plus un éducateur sait donner des significations différentes aux phénomènes, plus le champ de ses possibilités s'accroît. Finalement, les quelques préconisations qu'il ose, visent toutes à épauler les formateurs momentanément débordés par les formés, eux-mêmes momentanément débordés.