Entre le Concile de Trente, au XVIe siècle, et le troisième partage de la Pologne, en 1795, on dénombre un peu plus d'une centaine d'accusations de crime rituel à l'encontre des Juifs de la confédération polono-lituanienne.Cette calomnie, dont l'origine remonte à l'Antiquité, et que la doctrine de l'Église romaine condamne, fut pourtant utilisée successivement en Pologne à des fins différentes : d'abord comme argument, dans le combat contre les Protestants - assimilés abusivement aux Juifs -, ensuite comme explication aux malheurs du pays et, enfin, comme élément du débat culturel, qui devait s'achever par le triomphe des Lumières.Au-delà des enjeux religieux et idéologiques, on ne peut oublier la souffrance des accusés, considérés comme collectivement responsables, et promis aux tortures, et à une mort affreuse. En trois siècles, ces accusations, destinées à hâter les conversions au catholicisme, causèrent la mort de plus d'un millier de personnes, et ruinèrent - intellectuellement et financièrement - les communautés juives.