À une époque dite d'insécurité, et où la police occupe le devant de la scène, il importe de renouveler la littérature scientifique sur les institutions du maintien de l'ordre. Les approches utilisées dans Le désordre policier sont historiques, juridiques, sociologiques et de science politique. Pour l'auteur, la police s'est constituée historiquement comme une administration centralisée et bureaucratique. Néanmoins, cette administration ne ressemble pas aux autres. La police se caractérise moins par son objet répressif, que par un certain type de rapport à la société qui lui donne une épaisseur propre. En principe rationnelle, ayant pour but de maintenir l'ordre, l'institution policière se nourrit en réalité du désordre social. À partir de cette clé de lecture de la police, placée entre l'ordre et le désordre, l'auteur essaie de répondre à un certain nombre de questions : qui commande dans la police ? Quelle est la réalité et le sens de la guerre des polices ? La police peut-elle être contrôlée par la justice ? Les analyses de Jean-Jacques Gleizal plongent aussi dans la plus brûlante actualité. C'est que, depuis 1981, la police défraie la chronique. Mitterrand s'appuie sur les gendarmes contre les policiers. Defferre cherche à mettre au pas les commissaires de police. Mais, surtout, la gauche entreprend une très vaste politique de modernisation de l'institution. Étrange paradoxe : comment se fait-il que le pouvoir de gauche en arrive à impulser la réforme d'une institution à laquelle il était plutôt hostile, et qu'il contribue en fin de compte à renforcer ? Mais derrière les rapports entre la gauche et la police, Jean-Jacques Gleizal perçoit ceux qui existent, de façon plus générale, entre le pouvoir et les forces de l'ordre. Suivant en cela les auteurs anglo-saxons, il pense que la police n'est pas un quatrième pouvoir, même si son contrôle par le pouvoir politique demeure problématique.