Ces lectures analytiques qui ont pour objet tantôt l'œuvre d'art, tantôt l'œuvre littéraire, s'organisent autour de trois foyers : d'abord une poïétique de la représentation est pensée à partir de la notion d'hallucination négative, ensuite un examen critique de la bisexualité psychique, puis l'analyse de certaines formes de perversion, conduisent à envisager ces catégories comme des creusets de la création aux effets profondément modulateurs. C'est ainsi que les univers de Picasso, de Thomas Mann, de Jean-Jacques Lequeu révèlent le travail et le destin d'un fantasme inconscient, éminemment mobile, trahissant quelque cause originaire qui, nécessairement, fait retour sous des masques divers. La chair de l'œuvre d'art, si prochaine soit-elle, paraît porter à découvert une irrémédiable césure. Cette marque de l'impossible captation installerait donc l'absence au cœur de l'œuvre et signalerait les forces contraignantes et ténébreuses d'un inconscient toujours agissant. L'analyse porte également sur des personnages exemplaires : Ophélie, Hedda Gabler, Lulu, la Dora de Freud, Schéhérazade, certaines Vierges de l'Annonciation, et trace comme une fresque du non-dit féminin, véritable paradigme de cette esthétique des silences de l'œuvre souhaitée par l'auteur. Le caché, le dissimulé, les marges de l'œuvre, bref, l'irreprésentable qui consonne avec la difficile saisie figurative de la douleur psychique défiant, par nature, toute emprise globale, drainent ici, constamment, l'intérêt. Dévoiler les rets de l'œuvre, c'est donc montrer le cheminement de la psychanalyse aux prises avec l'esthétique et, réciproquement, c'est considérer l'esthétique au prix de la psychanalyse.