On a vécu, depuis Hegel, sur l'idée que la sphère de l'entendement n'existe pas en Inde. Cependant, I.M. Bochenski déclare dans sa Formale Logik (1956) que deux pays au monde ont eu le souci d'établir les conditions formelles de la vérité d'une assertion : la Grèce et l'Inde. De nos jours, l'histoire de la logique bouddhique fait une large place aux procédures de la philosophie analytique. On redécouvre l'apport de l'Inde à notre système de numération : valeur de position des chiffres, invention du zéro. Il y a donc une question qui se pose aux interprètes. Les nouveaux documents qui nous sont parvenus récusent tout jugement sommaire, et autorisent un avis beaucoup plus précis et nuancé. L'Encyclopédie Philosophique Universelle a commencé d'établir un inventaire des concepts et des ouvrages indiens ayant une pertinence philosophique. Le but du présent essai est de rendre la vie aux éléments de cette nomenclature, en fournissant des exemples concrets, en replaçant les problèmes in situ, en écoutant parler les textes : sur des échantillons librement choisis dans des domaines variés de l'indianité. Parmi ceux-ci, néanmoins, le bouddhisme est fortement privilégié, en lui-même et dans ses rapports avec notre mentalité, puisque les deuxième et troisième parties lui sont consacrées. La raison en est qu'il a été le plus tardivement découvert en Occident, qu'il nous est encore le moins bien connu, et que son tour de pensée nous dépayse davantage. Les étudiants désireux d'avoir un premier contact sérieux avec le bouddhisme, liront le long chapitre Mystique et rationalité dans le bouddhisme indien.