Quelles sont les implications juridico-politiques des positions métaphysiques de Leibniz ? Est-il possible de définir les principes qui ordonnent la diversité des écrits appartenant à ce domaine ? Telles sont les questions centrales abordées dans ce livre. Leibniz passe d'une conception de la souveraineté absolue, à une notion de la suprématie limitée, articulée sur un déplacement de la primauté métaphysique de la puissance à la sagesse. L'opération fondamentale consiste à ramener l'histoire sur le terrain d'un droit naturel rationnel opposé, aux exactions du bon plaisir et de la violence. S'ouvre ainsi une voie théorique qui mène aux princes éclairés du XVIIIe siècle. Par la mise en place de jurismodalités, la philosophie politique débouche sur une politique philosophique qui joint la praxis et la theoria, en alignant les textes diplomatiques sur la tablature des règles fondamentales du droit naturel. Deux éléments doctrinaux soulignent l'apport leibnizien. D'une part, les droits personnalissimes sont chargés d'expliquer la socialité originelle de la vie domestique, privée et princière. D'autre part, la place d'autrui se trouve entièrement réinterprétée, en fonction de l'idéalité de la res et d'une conception de l'amour qui lie la personne à l'univers de la religion rationnelle. Cet ouvrage montre que les thèmes éthiques, juridiques et politiques majeurs de la réflexion philosophique du XVIIe siècle sont ainsi repensés.