Comment expliquer la formation des projets d'avenir des adolescents ? Les chercheurs comme Krumboltz, Ginzberg, Erikson ou Gottfredson, mettent en avant les expériences familiales et sociales. Les résultats de leurs travaux sont rappelés dans ce livre. Cependant, les adolescents vivent d'autres expériences qui contribuent à la construction de leurs projets. Aujourd'hui, leur longue fréquentation de l'école, joue un rôle fondamental dans ce domaine. Le système des qualités, au travers desquelles les jeunes construisent leur image d'eux-mêmes et se représentent leur avenir, est le reflet de l'organisation scolaire. Cette force des catégorisations scolaires se manifeste d'une manière particulièrement nette quand on rapproche les attentes d'adolescents en difficulté et celles de bons élèves. L'échec scolaire est associé à une identité d'homme sans qualité. Les jeunes qui délaissent l'école (ou que l'école délaisse...), en fin de scolarité obligatoire, ne se perçoivent pas comme sujets porteurs de compétences. Dans le même temps, ils ne conçoivent pas les professions en termes de qualifications. Leur avenir se réduira-t-il à n'être qu'une succession de plus ou moins bonnes places ? Pour ceux qui réussissent en classe, les visions d'avenir se réduisent, le plus souvent, à des intentions d'études. Leur image de soi s'ancre essentiellement sur des qualités scolaires, dont la structure constitue une transposition de l'actuel agencement des filières et des disciplines. Quant aux professions, elles sont, avant tout, évaluées en fonction de leur degré de prestige, c'est-à-dire de la sélectivité des études qui sont censées y conduire.