Don Juan est un mythe du désir. L'excès, le défi à la loi, la volonté de jouissance, font de lui un héros, dont l'éclat provient de la dynamique impérieuse qui le confronte aux limites du sacré, qui sont aussi celles du désir, et dont le dépassement le voue au tragique. Pour avoir révélé la défaillance de la loi de l'échange, de la promesse et du pacte symbolique, mais aussi pour avoir suivi son éthique du désir en toute rigueur, au-delà du principe du bien et du plaisir, il meurt en victime sacrificielle. Pourtant, au moment même de sa mort, il reste encore un être de fuite, qui relance la parodie comme plus cruelle que la tragédie, et réveille l'énigme du désir alors que tous croyaient, avec lui, avoir réglé leurs comptes. Pur acteur, dont le jeu virtuose fait resplendir la ligne de fêlure du désir, dans toutes les défaillances et à travers toutes les jouissances manquées, il aura montré l'occasion d'une jouissance du jeu.