Les tablettes exhumées dans les archives de la capitale hittite Bogazköy-Hattusa (disparue au XIIe siècle avant J.C.) ont fait connaître un lot de textes mythologiques dont la rédaction difficile, foisonnant d'allégories et de métaphores, dissimule le véritable message, sans doute à dessein. Des motifs d'apparence anodine et des récits naïfs laissent entrevoir des croyances et des pratiques rituelles que les Hittites ont eues en commun avec d'autres populations indo-européennes. Ainsi, des formules toutes faites, lues dans des conjurations, offrent un schéma connu par Homère, par les Véda indiens, par les Edda scandinaves ou par des traditions slaves toujours vivantes. L'étendue et la haute antiquité de cette documentation hittite en font un précieux apport au comparatisme indo-européen, tel qu'il a été illustré par Georges Dumézil, et dégagent de nouvelles attestations de la tripartition fonctionnelle mise en lumière par le grand historien des religions. Les données hittites sont parfois rejointes par des informations puisées directement par l'auteur dans le riche folklore des Slaves du sud, et complétées par ses soins grâce à une reconnaissance ethnographique dans l'isolat valaque du nord-est de la Serbie. En plus d'une documentation vaste et nouvelle, ce livre d'Emilia Masson offre au lecteur une vue d'ensemble sur la civilisation hittite, et tout un faisceau de croyances et pratiques des plus anciens Indo-européens.