De ce moment décisif de la modernité philosophique, qu'est le passage de Kant à Hegel, le présent ouvrage produit, enfin, une analyse structurale exhaustive, qui est aussi bien une généalogie vivante. À partir du repérage des structures générales des réfutations, poursuivi successivement sur le terrain de la philosophie théorique, de la philosophie pratique, et de la philosophie de l'Histoire, devient visible l'ampleur des déplacements conceptuels opérés sur la philosophie kantienne par les critiques de Hegel : glissements de problématiques, substitutions sémantiques, changements de perspectives, deviennent lisibles.Cette étude méthodologique de l'ensemble des critiques hégéliennes de Kant, a elle-même - pour enjeu - un retour critique aux interprétations de ce passage, centrées sur l'idée d'une continuité « idéaliste » (Marx-Engels), ou « métaphysique » (Heidegger). La quête d'une synthèse de dialectique et de réflexion se doit, sous peine de tomber dans l'éclectisme, d'être sensible au choix de rationalité : si Hegel installe la dialectique, « logique de l'apparence » chez Kant, au cœur de la réflexion, celle-ci conserve une position indispensable, grâce à la fonction régulatrice - et non constitutive - de l'Idée, qui empêche un enfermement dogmatique de la philosophie, et repose la question de l'autonomie dans l'ordre pratique.Cette enquête fournit enfin au lecteur un moyen de s'orienter dans cette alternative majeure d'un point de vue réflexif, et d'un point de vue dialectique, qui exprime l'une des tensions les plus fécondes de la philosophie d'aujourd'hui, démontrant l'actualité persistante de cette confrontation majeure.