Depuis le début du siècle, des millions d'hommes et de femmes ont cru, de toutes leurs forces, aux "lendemains qui chantent". Le socialisme était encore une généreuse utopie et, à l'est du monde, se levait une espérance. Aujourd'hui, les lendemains ne chantent plus. Nulle part. Et pour personne. Les pays de "capitalisme central" accentuent leurs gaspillages, et se barricadent dans une prospérité d'autant plus égoïste qu'elle est menacée. Dans le Tiers Monde, se poursuit le plus monstrueux des génocides : celui de la faim. Quant au socialisme, voilà qu'il n'est plus une perspective lointaine, mais la réalité concrète — et oppressive — d'une moitié du monde. On a, cependant, plus faim, en Inde et au Bangladesh, qu'en Chine. Renonçant aux sempiternels procès idéologiques, René Dumont a entrepris de mener, sur le terrain, une vaste enquête en forme de bilan. C'est la Chine, immense et surpeuplée, qu'il revisite ici. Ballotté pendant trente-cinq années par l'aventure — et les errements — du maoïsme, un milliard d'hommes et de femmes y vivent, depuis peu, une expérience sans précédent dans l'Histoire : la décollectivisation.C'est dans les campagnes, hier encore inaccessibles aux étrangers, en visitant les six grandes provinces les plus représentatives, que René Dumont — qui connaît la Chine depuis plus d'un demi-siècle — est allé enquêter. Son témoignage - minutieux et sévère - n'est comparable à aucun de ceux qu'on a pu lire jusqu'alors : on peut être assuré qu'il fera date.