L'Algérie indépendante a bientôt quinze ans, celle du redressement proclamé par le président Boumediene, plus de dix. Elle est à coup sûr indépendante. Est-elle redressée ? À la fin de la guerre, en 1962, une Algérie n'était plus ; mais l'autre n'était pas encore. La formidable détermination des combattants des djebels et des politiques de l'extérieur avait détruit un système centenaire. Il lui restait à bâtir une collectivité créatrice à partir d'une immense protestation nationale. Aujourd'hui, le pouvoir d'Alger tente d'imposer à son peuple une modernisation rapide, avec l'industrie lourde et la révolution agraire. Pour cela, les élites technocratiques et les couches qui gravitent autour d'elles, ont repris le vieux schéma républicain de l'ascension par l'école, tout en faisant appel à un certain unanimitarisme musulman, négateur des luttes de classes. Qui possède le pouvoir en Algérie ? Les arabisants attachés à l'authenticité ou les technocrates européocentristes ? Y a-t-il une chance de coopération durable et positive entre ceux qui ont le savoir traditionnel et ceux qui disposent du pouvoir de décision ? Ou bien verra-t-on s'accomplir l'élimination des couches traditionnelles par l'État centralisateur ? L'auteur, fort d'une connaissance profonde de l'Algérie et de ses dirigeants, acquise au cours d'un long séjour voué à l'enseignement des jeunes élites algériennes, et d'une sympathie non dénuée d'esprit critique pour ce pays et ce peuple, tente de répondre aux multiples questions que se posent tous ceux pour qui l'Algérie reste un État pilote.