Peut-on connaître la Chine à l'aube du dernier quart du XXe siècle, quand elle vient de perdre coup sur coup les grands fondateurs et principaux dirigeants du régime ? Il est de bon ton aujourd'hui de répondre par la négative, malgré l'abondance de témoignages, aussi formels que contradictoires, issus de trois semaines de voyage organisé quand ce n'est pas de réflexions en chambre. Alain Bouc a passé trente-deux mois à Pékin comme correspondant du Monde. Il a vécu et parlé avec les Chinois, enquêté dans de nombreuses régions de cet immense pays, dépouillé quotidiennement la presse, recueilli quantité de documents, inédits ou mal connus en Occident, consulté la documentation chinoise et étrangère. On peut ne pas partager son profond attachement au peuple chinois et aux idées qui l'animent : on n'en tirera pas moins profit de ses analyses nuancées et précises sur la vie quotidienne en Chine, la lutte politique à l'intérieur, les prises de position dans la lice internationale. Après la chute de Lin Piao, la mort de Zhou Enlai, la disgrâce de Teng Hsiao-Ping, la mort de Mao et l'éviction du groupe des quatre, à l'heure où le problème de la continuation de la Révolution se pose avec plus d'acuité que jamais, la réelle connaissance de la Chine qui imprègne tout ce livre en fait un dossier irremplaçable.