Cuba si, Cuba no ? Marie-France Mottin voulait se faire une idée. Partie en touriste, confirmée dans son enthousiasme, elle reste et décroche un poste de professeur de français. Elle a donc la chance exceptionnelle de connaître la vraie vie quotidienne des Cubains. La chance ? La chance d'attendre deux heures chaque jour son bus, de faire la queue interminablement pour acheter des fruits, un crayon ou des œufs, de préparer ses cours à la lumière d'une bougie à cause d'une de ces sempiternelles pannes d'électricité. Pour compenser, il y aurait bien le rhum, les cigares et le soleil, si rhum et cigares n'étaient réservés à l'exportation et si on pouvait compter sur une douche pour se rafraîchir un peu. Seulement, voilà, il y a les coupures d'eau. L'irrigation des campagnes vaut bien qu'on se retrouve pour quelques heures plein de mousse, mais quel gâchis quand on sait que le savon est rare, donc rationné — comme le reste. Alors, Cuba, c'est l'enfer quotidien ? Non, car on s'échange convivialement les tickets de rationnement, parce que les enfants sont en bonne santé, parce qu'on rit en faisant la queue, parce que les Cubains sont accueillants. L'ennui, c'est que les autorités n'apprécient pas toujours cette hospitalité. Elles vous mettent des bâtons dans les roues, chicannent, ergotent. Cuba libre ? Pas vraiment, pas du tout même... Il y a de quoi faire la grimace. Marie-France Mottin, à la manière cubaine, préfère l'humour, qui reste encore la plus grande richesse de l'île. La seule peut-être à laquelle ne touche pas la bureaucratie. Ce témoignage surprenant, rompt volontairement avec les pesantes analyses consacrées d'ordinaire aux révolutions. Ni paradis prolétarien, ni goulag tropical : le Cuba que l'on découvre ici, c'est celui du petit peuple et de la vie quotidienne. Moins facile à juger qu'on l'imagine...