Inégaux, différents, distincts, distants : on ne sait quel est le moins mauvais mot. En tout cas, ceux qui communiquent réellement sont toujours quelque chose comme cela ; ils ne sont pas seulement - ni même principalement - des « émetteurs » et des « récepteurs » interchangeables, qui utiliseraient un code commun. La communication est - le plus souvent - inégale, et cette inégalité est source de malheurs, mais aussi de « bon-heurs ». Ce livre a pour objet majeur de décrire les effets de cette inégalité dans diverses situations : inégalité entre parents et enfants, entre « natifs » et immigrés, entre dominants et dominés institutionnels, inégalité enfin dans le cadre de l'école. Il met en évidence la part prise par « l'inattendu » dans les situations de dialogue, et montre qu'elle est tout aussi importante que les irrégularités et les effets de structure, quand bien même les théoriciens du langage ne l'ont - jusqu'ici - jamais vraiment prise au sérieux. Bien sûr, la communication inégale, c'est la violence du discours d'autorité, l'émergence du double-sens et le malentendu ; mais c'est aussi l'occasion de reformulations, de rencontres, de surprises et d'interventions. Pourquoi, dès lors, ne pas tenter une linguistique des différences et des événements communicatifs ?