Dès l'âge de sept ans, Claude devient fugueur. Pas par hasard. Il a envie de fuir le taudis familial, pour échapper aux coups administrés par sa mère. Il a envie de rêver qu'il va ainsi retrouver sa nourrice, chez qui il était si bien. Mais l'Administration et le juge pour enfants, vautré dans son fauteuil de cuir, sont sourds à sa demande. Il n'en faut pas plus pour récidiver et être jeté dans la chaîne des centres médico-psychologiques, centres de correction, et autres lieux de dressage. Les tentatives d'évasion se succèdent... et se ressemblent, c'est l'échec. Elles expriment pourtant toujours le même appel, rejoindre la mère nourricière. Tous les adultes font des promesses, ils vont essayer de faire quelque chose. Cette nourrice, qui n'intervient pas dans le récit, est présente constamment. Une deuxième histoire, non écrite, se fabrique dans l'esprit du lecteur. Que fait-elle ? Est-elle morte ? Ne veut-elle plus le revoir ? A-t-elle disparu ? Personne ne la préviendra, personne ne la consultera, la solution est là. L'Administration n'a pas de temps à perdre. L'auteur nous livre son itinéraire, sans haine, avec beaucoup d'humour. Sans avoir la froideur du reportage, il témoigne sur cette France cachée derrière de hauts murs. Nous le suivons, sans lassitude, dans son voyage. Il a aussi la qualité de raconter les bêtises de gamins, avec la fraîcheur et la naïveté qui sont nécessaires pour les réaliser.