Jacques Chirac ? Pour certains, un impulsif impénitent, spécialiste des volte-face – voire des tête-à-queue. Une sorte de hussard qui ne se plaît qu'à la furia des assauts, mais à qui cette fougue même interdit de mener à bien tout projet de longue haleine. Pour d'autres, un perpétuel hésitant, un homme à l'identité incertaine et aux convictions floues, et donc soumis aux influences de ses entourages successifs. Analyses différentes mais conclusion identique : une inaptitude radicale aux stratégies longuement méditées, minutieusement réalisées. Puis il y eut ce jour de mai 1995, où stéréotypes et lieux communs durent faire place à l'évidence : Jacques Chirac, élu président de la République, avait bel et bien atteint son but. Deux ans pour se convaincre que les clichés avaient tort. Et deux mois – d'avril à juin 1997, le temps d'une dissolution-catastrophe – pour de nouveau penser qu'ils avaient peut-être raison. Du palais élyséen où désormais il réside plus qu'il ne préside, que nous réserve celui qui est chargé – rien de moins – de nous conduire dans un Nouveau Monde à l'orée d'un nouveau siècle ? S'il pose aujourd'hui un problème au pays, comment ce dernier peut-il le résoudre ? Pour esquisser des réponses à quelques-unes de ces questions, il m'a paru nécessaire de retracer son parcours. Afin, à travers son passé, de tenter d'éclairer notre avenir.