Les mafias ne sont pas une figure du Diable. Elles sont un acteur social d'un genre nouveau, un moteur du développement, par accumulation du capital, une articulation paradoxale de la transition des sociétés traditionnelles vers la modernité. Loin d'être une secte, secrète et clandestine, qui vivrait aux marges du corps social, elles héritent de cultures régionales et nationales qu'elles transforment en leur imposant leurs modèles.Reconnaître ce nouvel acteur n'est pas, bien au contraire, céder à une forme de complaisance à son égard. À la différence du simple délinquant, le mafieux pose un problème politique. Il est, à la suite des guérillas, des régimes militaires ou des intégrismes musulmans, le nouvel avatar du péril qui menace les démocraties : quel que soit son désir d'intégration, le mafieux ne sera jamais un « citoyen » comme les autres.En ce sens, cette exploration anthropologique des « cultures mafieuses en Colombie » dépasse largement l'enjeu colombien, ou même latino-américain. Elle souligne un risque planétaire, qu'il est urgent de regarder en face.