Une chambre glacée, des draps en désordre qui ne connaissent de jouissance que solitaire, la lumière morne d'un matin parisien. Et une toile blanche. L'homme est peintre, exilé. Il a fui son désert natal, Madian, une enfance écrasée par l'omniprésence de Dieu, la crainte du Jour dernier puis, plus tard, l'horreur des massacres perpétrés au nom du Miséricordieux. Est-ce pour dire quand même l'espoir que la main divine immobilise le couteau brandi des pères, qu'il a peint ce sacrifice d'Abraham, oubliant l'interdit fait à l'art d'approcher les prophètes ? Mais voici venus les temps où nul ange ne suspend le geste d'Abraham. Le temps des assassins. Une parabole sur l'individu confronté à la violence du religieux, sur la douleur d'une filiation, aussi inadmissible qu'irrécusable. Et l'affirmation d'une grande force intérieure portée par un talent neuf.