Quand on entre dans l'univers de Chantal Chawaf, on en prend le risque. Ici, avec Maternité, elle défait les images reçues et acceptées : ce long rythme lyrique, à la fois blessé et conquérant, dénonce les illusions de la jouissance et du narcissisme où l'on enferme les femmes, dénonce ce qui a toujours été occulté dans la maternité, et même dans l'amour, tandis que, partout, le monde inquiète, gronde, s'auto-détruit. La seule chance de survie, ce serait de rassembler toutes nos forces, celles des hommes et des femmes, pour bâtir une société d'amour et de vie. Après Rougeâtre, voici Maternité : la parole sourd ici de la vie, et de la chair, et des gestes du quotidien, mais elle s'élève à une tension, à une intensité explosives, à un texte-secousse qui ébranle et fracture les surfaces du langage et libère le feu interne, la passion, les scintillements sombres, nerveux de nos démesures, de nos infinis où l'intime, le secret flambent, éclairent comme un soleil et transforment, renouvellent...