Toutes les grandes figures féminines, écrit Madeleine Chapsal dans sa préface, sont conçues par des hommes... Madame de Rênal, Phèdre, Madame Bovary... Il était temps que les hommes, sous la plume des femmes, deviennent à leur tour des rêves de femmes. Et c'est bien ce que tente, et même burine Catherine Muller dans Un bonheur de contrebande : une série de portraits d'hommes, saisis au plus intime. Des hommes-amants, tels que les imagine et les consomme une nostalgique héroïne. Au départ, pourtant, c'est une histoire d'amour fou qui ressemble à un conte pervers, que très vite la mort interrompra. Et c'est grâce à ces hommes qui traversent sa vie, que l'héroïne sortira du désespoir. Sont-ils réels ou imaginés ces amants qu'elle nous décrit au plus juste, au plus profond ? Qu'importe... Ils sont si ressemblants, avec leurs ruses et leurs faiblesses, si touchants, si irritants parfois, qu'on a envie de les aimer comme elle les aime : sensuellement, tendrement, ironiquement. Pour eux, elle s'invente des passés et chacun croit détenir la clé de cette jeune femme fantasque et mélancolique, qui joue à vivre comme d'autres jouent à la roulette russe. Précise et poétique, l'écriture de Catherine Muller charme et surprend de bout en bout.