L'inédit que nous publions, Seul dans la vie à quatorze ans, 1911-1914, fait partie d'Une véritable épopée du prolétariat comprenant déjà : Le pain quotidien, 1903-1906, Les damnés de la terre, 1906-1910, Pain de soldat, 1914-1917, Les rescapés, 1917-1920. Le présent volume, Le feu sacré, sera suivi de Vivre sa vie, puis de Fin d'époque. L'ensemble de la fresque — 7 volumes — sera intégralement réédité. Défenseur convaincu de l'authenticité dans l'expression, écrivain de combat, acharné à faire connaître une littérature prolétarienne dont il était devenu, sans conteste, le représentant le plus en vue, Henry Poulaille avait, en 1930, exposé ses idées dans son essai Nouvel âge littéraire (deux volumes, dont un inédit à paraître aussi chez Stock), dans ses multiples revues, dans de nombreux articles de presse. Comme on démontre le mouvement en marchant, il a démontré sa vérité en bâtissant son œuvre romanesque — ni fonction ni autobiographie, au sens propre des termes, mais plutôt autobiographie transposée, faite de souvenirs précis et soigneusement choisis sur sa vie, celle des siens et de toute la classe de travailleurs dont il a partagé les peines, l'angoisse du lendemain et aussi les joies simples, les espoirs, et cela entremêlé sans cesse, comme en rappel daté nécessaire, indispensable, avec les conflits sociaux, les luttes ouvrières, cela constitue un ensemble original et un témoignage unique. Dans Le Feu Sacré, le jeune Louis Magneux (Henry Poulaille lui-même) devenu orphelin, vivant seul, gagnant durement son pain quotidien, évoque, en des pages émouvantes, ses efforts opiniâtres, et ses méthodes pour accéder, hors des sentiers battus, à une culture personnelle, et ses premiers contacts avec des groupes anarchistes dont la fréquentation l'amène à devenir l'ami du libraire Ducret, à la veille d'être indirectement mêlé à certains protagonistes de la bande à Bonnot — sujet de Vivre sa vie. Fin d'époque, recrée l'atmosphère tragique de l'immédiat avant-guerre et de l'affaire Caillaux-Calmette.