Ce recueil confronte la création en deux temps : c’est d’abord toute la genèse du monde qui se rejoue, dans les yeux d’un enfant solitaire caché à la cime d’un arbre au milieu d’une plaine. Par se seule contemplation, suivie de l’apparition d’un adulte – homme ou femme, le texte maintient le doute –, puis d’une fleur sans nom, se recrée l’infini de l’univers. Depuis ce nombril que déploie la première partie du recueil, la deuxième réalise ensuite le rêve d’Artaud : de revenir au monde avant même son apparition, dans le corps, ici, de la muse. S’instaure alors une descente à l’envers du décor, dans l’imaginaire de cette femme allongée d’abord dans un hamac, puis agenouillée dans une salle à manger, que l’auteur observe. Elle incarne le monde à naître qu’elle refuse pourtant de laisser aller, bien que cette retenue enfantera 24 tableaux.