Mamaya est très vieille et très autoritaire, comme le savent son chat et surtout sa servante dévouée, Johara. Très malade aussi, au point qu'il a fallu lui faire l'ablation d'un sein. Recluse dans sa chambre, elle repense à Merième, sa mère, l'adolescente frondeuse et piquante qui séduisit un beau soldat, à sa propre passion pour le jeune Pierre rencontré au collège, au mariage obligé avec le maître d'école, à la vie si dure dans l'oppression des femmes, à la fois acceptée et refusée. Et surtout à l'Absent, ce fils aîné disparu pour avoir mal pensé, dont on ne sait s'il est vivant (mais dans quelle geôle ?) ou mort, sans que sa mère puisse ensevelir sa dépouille. Mamaya se lancera donc dans un ultime voyage vers le tombeau familial, pour donner à l'enfant perdu ces funérailles du lait après lesquelles elle pourra quitter ce monde. Des sourires dans ce récit coloré, et ce don remarquable de la silhouette déjà noté dans Le Sommeil de l'esclave, mais surtout un portrait de femme et de mère simple et bouleversant, et un ton qui mêle le quotidien, le rêve et le conte avec une grande intensité.