Début 1981, le PCF se sera à nouveau montré capable de nous étonner. L'ère paisible de l'Union de la gauche, de l'Eurocommunisme, est bien finie. On avait condamné l'intervention soviétique à Prague, on applaudit aujourd'hui à l'invasion de l'Afghanistan, et l'on se prépare pour celle de la Pologne. On avait soutenu les travailleurs immigrés, on attaque leurs foyers au bulldozer. Et l'on recommence à exclure les militants mécontents.Derrière d'aussi étonnantes volte-face, Georges Lavau nous aide à lire une profonde permanence. Car "le Parti" n'est pas un parti comme les autres. Contrôlant totalement l'appareil de la CGT, doté d'une puissante organisation, qui repose sur la discipline, l'autorité, l'unanimité et le secret, c'est une institution extraordinairement solide. Si solide, qu'il faut bien s'interroger sur sa véritable fonction dans notre société : à quoi sert le Parti communiste français ?Entre sa fonction tribunitienne de porte-parole de la classe ouvrière, son désir de peser dans les luttes électorales, et ses proclamations révolutionnaires, le PCF ne cesse d'hésiter : c'est dans la conjonction de ces trois aspects contradictoires, qu'il faut chercher le secret de sa puissance, comme de sa solitude. Et, par là seulement, s'explique le paradoxe qui, dans notre système politique, fait du parti de la révolution un facteur essentiel de stabilité.