Il est drôle, on ne va pas, en plus, lui demander d’être gai ! Guy Bedos le plus « mélancomique » des amuseurs français trouve, en effet, que faire rire ses contemporains est, de nos jours, une entreprise de plus en plus folle, de plus en plus téméraire. Il s’y risque cependant et conserve à ce jeu, l’affection et la fidélité d’un public nombreux qui sait déceler, sous ses flèches de féroce allégresse, des marques constantes de pudeur et de tendresse. C’est le même public qui a fait le succès de Je craque... (250 000 exemplaires vendus) publié en 1976. Guy Bedos y révélait sa capacité à dépasser le constat-sprint qu’est le sketch pour gagner la course de fond (et de forme) que représente un « vrai » livre. Ayant perdu l’innocence heureuse de l’auteur néophyte, mais ayant gagné la liberté lucide d’un écrivain confirmé, Guy Bedos récidive. Ce n’est pas un hasard, c’est une nécessité. Rien ne va mieux autour de lui, autour de nous. Il n’est que temps d’exorciser la peur. Contre elle, une seule arme absolue : l’amour. En attendant la bombe (et en griffant au passage quelques « grands » de rencontre), Guy Bedos parle donc de ceux qu’il aime, sa femme, ses enfants, ses amis. Quoi de plus agaçant que le bonheur des autres ? Rien, sauf lorsque Guy Bedos parle du sien. En attendant la bombe : un hymne à la vie pour éloigner la mort. On est souvent ému, mais - chassez le naturel - on rit beaucoup. Aussi.