Du quai où il a mis sac à terre, Jean Planchais regarde s'éloigner le navire où, mousse un peu ahuri, il s'était embarqué en 1945 : le journal Le Monde. Par petites touches, anecdotes ou scènes de genre, avec humour et tendresse, il retrace son long voyage et dépeint les rites du bord. L'auteur ne brosse pas seulement le portrait des commandants successifs – d'Hubert Beuve-Méry, le père, à André Fontaine, en passant par Jacques Fauvet, André Laurens et Claude Julien. L'équipage est également passé en revue, d'Olivier Merlin, Pierre Viansson-Ponté, Raymond Barrillon, à Bertrand Poirot-Delpech ; de Jacqueline Piatier et Yvonne Baby à Claude Sarraute. Promenant le lecteur dans les cabines, les coursives et les soutes du Monde, il évoque les fêtes et les veilles, mais aussi les tempêtes essuyées par le quotidien de la rue des Italiens. Civil qui a professionnellement fréquenté les militaires, grand reporter d'occasion, propulsé dans la Hongrie de 1949, l'Espagne de Franco ou l'impossible conquête des Pyramides, Jean Planchais raconte en outre ses aventures de terrain. À travers la vie du petit journal austère, qui s'installa en 1944 dans les locaux du Temps, pour devenir, peu à peu, une institution, et les pérégrinations d'un journaliste qui en a connu les heurs et les malheurs, c'est un peu de l'histoire du demi-siècle qui défile.