Le monde avant, c'était l'eau. Il y avait de l'eau partout. Et tous les gens vivaient sur des bateaux. Un jour, il y a eu le grand tremblement. Les montagnes ont traversé le miroir des eaux. Et le monde s'est partagé en deux : il y a ceux qui ont construit des maisons et les autres, ceux qui ont mis des roues à leur bateau, et ils ont continué à naviguer. Tu vois, on est comme des marins ; sauf qu'il n'y a plus la mer. C'est Mamio, la vieille gitane, qui raconte. Les parents de Fabien, eux aussi, ont choisi d'habiter une caravane. C'est commode pour le père, chef de chantier. C'est plus difficile pour un enfant de neuf ans qui doit changer d'école au rythme des constructions qui s'élèvent un peu partout en France dans les années soixante. Chronique de l'errance, Comme un bateau, la mer en moins c'est, par la voix d'un enfant écorché, l'apprentissage de la différence, de l'indifférence, de la difficulté d'être.