Les sujets des entretiens accordés à Frédéric Grover entre 1959 et 1975 font apparaître des Malraux presque opposés ; Drieu, c'est l'aîné, l'ami, l'admirateur admiré qui reste, malgré l'opposition idéologique, l'un des hommes les plus nobles que j'aie rencontrés ; avec Barrès, c'est un hommage mais aussi un règlement de compte. Avec Paulhan, c'est l'admiration sans réserve pour le grand découvreur auquel il doit tant et en qui il voit un contemporain capital ; Céline, c'est un peu l'anti-Malraux. Malraux enfin, au cours des deux derniers entretiens, s'explique sur les passages les plus obscurs des Antimémoires et parle à cette occasion de Bernanos, de Nietzsche, de Dostoïevski, mais aussi de Camus et de Sartre. C'est un des rares textes d'André Malraux où il s'explique sur la littérature contemporaine. Ce Malraux accueillant, cordial, simple, quelquefois même fragile et vulnérable, ce Malraux qui parle est différent de celui qui écrit. Il surprendra.