L'asile de vieillards de Châtel-sur-Loire : une grande bâtisse, étrangement construite, tout près du fleuve, en bordure d'un grand mail désert. Alfred Hellequin est entré dans cet hospice il y a quelques semaines, ou quelques mois, peut-être un an : il ne sait plus très bien, le temps s'écoule sur lui comme une matière morte. Il raconte sa vie au milieu des vieillards, ses semblables : les repas des vieillards, le Noël des vieillards, les joies et les peines des vieillards, les amours des vieillards et, toujours présente et toujours refusée, la mort des vieillards. Vieillard ? L'état-civil refuserait cette qualification à Alfred Hellequin : il n'a pas encore atteint la quarantaine. Pourquoi est-il entré — de son plein gré — à l'hospice de Châtel ? Il cherche à se le faire dire, dans ce texte où l'emploi constant du vous de politesse marque — entre autres choses — la distance entre deux Hellequin : le brillant professeur qu'il fut autrefois, et le sordide pensionnaire qu'il est devenu.