Longtemps soupçonné d’être frivole, de cultiver le mauvais goût et d’entretenir chez son lecteur des rêveries chimériques, le roman, au moins depuis Don Quichotte, s’est curieusement retourné contre lui-même au nom de la réalité qu’on lui reprochait de fuir. Ce faisant, il s’est transformé radicalement, bien sûr, en se séparant des vieux romans idéalistes qu’il désignait désormais comme ses ennemis. Mais il est aussi resté, plus discrètement peut-être, fidèle à ses origines, c’est-à-dire au mensonge et à l’illusion dont les romanciers n’ont cessé de réaffi rmer la profonde et secrète nécessité.Cet essai se présente comme une réflexion sur l’art du roman, et plus particulièrement sur l’ambiguïté du savoir dont cet art est investi ; s’il est vrai que le roman nous apprend quelque chose sur l’homme, il nous apprend aussi et surtout que l’homme n’est pas seulement l’objet d’un savoir. En s’intéressant aux oeuvres de Cervantès, Balzac, Flaubert, Valéry et Kundera, l’auteur entend démontrer que tout romancier, même le plus lucide, concède au personnage le mystère de sa liberté.Yannick Roy enseigne la littérature au niveau collégial et a publié de nombreux essais dans la revue L’Inconvénient, dont il est l’un des fondateurs. Il est l’auteur de La caverne de Montesinos, un essai sur les personnages de romans qui lisent trop.