Vous irez loin, Fournier. Vous vous rappellerez que c'est moi qui vous l'ai dit, lui écrivait Charles Péguy, le 16 septembre 1911. Ils devaient mourir tous deux, à quinze jours d'intervalle, trois ans plus tard, au Front. Sa brève existence n'empêcha pas Alain-Fournier d'être au centre d'une époque d'intense richesse littéraire et artistique, celle de la première décennie du XXe siècle. Pierre Suire en retrace toute la diversité. Alain-Fournier fut toujours, sous des angles croisés, à la recherche de l'être aimé. Dans une perpétuelle oscillation du rêve à la réalité, avec une expression réservée et une poésie discrète, toute son œuvre se situe dans le jeu subtil des reflets du miroir en des temps privilégiés, l'automne et l'hiver, le soir et la nuit. De la vie ayant déjà tout saisi, Alain-Fournier prête à ses personnages des propos qui ne sont déjà plus de l'adolescence. C'est alors que chacun d'entre nous, en ce langage universel, face à ce miroir, se reconnaît aux côtés du Grand Meaulnes.