Le visiteur choisit les lieux privilégiés de son coup d'œil. Il a le loisir de tirer les leçons d'une Amérique exemplaire, d'en dénoncer les symboles, d'en concilier les emblèmes en la géométrie signifiante d'une théorie d'ensemble. L'émigrant, lui, s'est occupé à survivre, voire à ne pas trop se faire remarquer. Son regard aura été discontinu, moins attentif peut-être. Mais, dans son accoutumance au banal, n'aurait-il pas, quand même, engrangé l'essentiel ? Des grands pans d'expérience qui ont sombré, surnagent des vestiges comme des bouts de films, parfois muets, souvent hors de propos. Pourtant, c'est dans ces fragments que l'on entrevoit les dimensions rarement visitées par les vrais voyageurs, les images disparates du quotidien dans un pays qui a d'abord été un film, et qui donne encore à rêver.