Louis Emié n'a cessé d'écrire et de remanier, y ajoutant des textes ou en retranchant, ce livre qu'il ne termina jamais : Espagnes, au pluriel, comme Morand écrit Venises. C'est que l'Espagne - les Espagnes - fut véritablement pour lui une seconde patrie. Et j'entends encore, dans le soir tombant, face à l'Atlantique couleur de plomb, l'orchestre du Monte Igueldo jouer Dauder, le plus beau paso-doble du monde. Les notes de voyages de Louis Emié évoquent Grenade ou Tolède, Burgos ou Ibiza, et son Mémorial espagnol a la même sensibilité, la même finesse de ton, la même élégance que celles de Valery Larbaud. Le flamenco et les jets d'eau y font vibrer la nuit de tous leurs charmes. Lire Espagnes est la meilleure manière de voyager, en cotoyant Manuel de Falla et Cervantès, Goya et Ramon Gomez de la Serna, Miguel de Unamuno et les chanteurs des rues de Madrid.