Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la société à choisir la maternité célibataire. Des formes multiples de petites familles apparaissent : à un pôle, la mère seule avec son enfant, à l'autre une vie conjugale en dehors du mariage, avec des habitats parfois séparés ; entre les deux, une pluralité de relations où, parfois, des femmes entre elles élèvent leurs enfants. Ce phénomène social nouveau brouille l'image traditionnelle du couple, révèle un autre visage de la femme, ébranle certains tabous. Est-ce pour la femme la libération, un nouveau matriarcat ou, sous un apparent libéralisme, un approfondissement du contrôle social ? Qu'en est-il de l'homme dans cet amenuisement de la famille ? Rejeté, repoussé, exclu, ne devient-il pas quelque peu abstrait ? Et l'enfant ? Comment penser qu'un jour il ne se mette en quête de ses origines, il ne cherche le visage qui précèda le sien ? D'autres images peuvent-elles se substituer au père absent ? L'auteur, en collaboration avec cinq femmes intellectuelles, féministes, appartenant à la génération de 1968, a choisi de modeler avec elles leur autobiographie. Dans cette tentative d'écriture presque collective, Charlotte Le Millour esquisse une théorie du récit de vie comme nouveau genre romanesque qui permet de donner à voir l'existence de femmes au quotidien, avec leurs difficultés, leurs contradictions et de lever un peu le masque d'une société, quand la famille n'est plus qu'une valeur sociale, le couple une solution juridique. L'expérience de ces femmes, même marginale, en agaçant les certitudes du patriarcat, pose des questions, ouvre des perspectives.