Louis XIV était-il le fils de Louis XIII ? Pourquoi n'a-t-on pas stoppé la guerre en 1916 ? Peut-on parler, au sujet de la bataille de la Marne, de grande victoire quand on sait que celle-ci n'empêcha pas les Allemands d'occuper la France durant quatre ans ? Quelques exemples, parmi bien d'autres, qui montrent que la désinformation ne date pas d'aujourd'hui. On a souvent dénoncé les mensonges de l'Histoire. André Gillois rejette cette formule. L'Histoire ne se fait ni ne s'écrit toute seule. Ce sont des hommes qui en sont responsables. Et il existe entre eux une complicité qui permet de dissimuler les fautes et de transmettre, de génération en génération, des gloires usurpées. L'auteur ne se contente pas de considérations morales ou philosophiques sur le mensonge. Il accuse et il démontre, en partant d'un constat impartial des faits. Ainsi, on est horrifié de la légèreté et de l'aveuglement de certains chefs civils et militaires, et de l'audace avec laquelle ils se distribuent les lauriers pour masquer leur impéritie. Mais la vanité et la fuite devant les responsabilités ne sont pas les seuls ressorts de la désinformation. L'analyse des événements que nous avons vécus, et que nous vivons encore, nous oblige à douter de la vérité historique. Le passé nous confirme que cette vérité est un mythe et qu'il n'y a jamais eu qu'un accord consensuel sur ce qu'il était bon de laisser croire. La servilité de la pensée a faussé le cours de l'Histoire. D'où la conclusion lucide d'André Gillois : la seule vérité établie avec certitude, c'est le mensonge historique.