La vie d'Antonio Vivaldi ne nous est guère connue qu'à travers la chronologie de ses fonctions, tournées, créations, concerts, et sa biographie officielle laisse bien des zones d'ombre, bien des mystères. Que de thèmes romanesques y sont pourtant inscrits en filigrane ! Aucune forme de fiction, mieux que les mémoires apocryphes, ne pouvait restituer la sensibilité du compositeur génial. Le lecteur, en quelque sorte complice, va ainsi revivre les temps forts de la vie paradoxale du prêtre roux qui fut aussi habile courtisan, voyeur libertin et témoin mystique, confident des vierges et confesseur des grandes pécheresses... Sous la poussée de Patrick de Rosbo, les Mémoires de Vivaldi font éclater le genre biographique et renaître la Venise baroque du début du XVIIIe siècle. L'abbé Vivaldi s'y révèle dans toute la complexité d'une nature violente et contradictoire, blessée par un amour impossible, voué à une princesse aux mœurs scandaleuses, qui le compromit. Un livre brillant, qui allie avec bonheur la technique de l'autoportrait à celle de la fresque, et la cruauté de la satire saint-simonienne à la démesure fellinienne.