L'Europe offre à la France la chance d'acquérir une nouvelle influence, et de forger une nouvelle ambition. Cela n'a rien de chimérique. En effet, l'Europe est, largement, une idée française et, depuis toujours, une histoire française. Notre pays a d'ailleurs donné de grands européens : de Briand à Robert Schuman, de Jean Monnet à Jacques Delors, du général de Gaulle - à sa rude manière - à Valéry Giscard d'Estaing ou François Mitterrand. Jacques Chirac et Lionel Jospin continuent cette tradition, en euro-réalistes déterminés. La France a souvent donné le ton, proposé des projets, forcé des blocages pour faire naître cette Europe. Ses atouts sont nombreux : la Grande-Bretagne reste prisonnière de sa culture insulaire et de son inconditionnalité anglo-saxonne, l'Allemagne est assujettie au poids de l'Histoire, l'Italie et l'Espagne ne jouent pas de rôle moteur. Ce parcours n'est pas sans embûches, et l'auteur ne nous cache rien de l'accouchement difficile de l'euro, du long chemin pour aboutir à un modèle social européen, des oppositions politiques internes virulentes, du difficile éveil d'une conscience européenne. Mais l'Europe est une nécessité et une occasion unique pour la France, si elle en a l'audace et l'énergie. Alain Duhamel montre bien, qu'en ce sens, les plus européens des Français sont aussi les patriotes les plus clairvoyants.