Georges Perros a laissé des textes brefs, des notes, des poèmes et des lettres: qui en font l'un des écrivains majeurs de notre époque (retenons, en particulier, les trois volumes de Papiers collés parus chez Gallimard). Mais Georges Perros a laissé aussi des proches et des amis inconsolables, que les années n'ont guère aidés à oublier la fin douloureuse de ce maître sans doctrine, comme le désigne Jean-Marie Gibbal. Ce dernier, poète et ethnologue, lut Perros, lui rendit visite à Douarnenez, et transforma son admiration en exercice. Son livre retrace, à la fois, le trajet de leur belle amitié et le mouvement concentrique qui part de l'homme-écrivain Perros pour mourir au plus près de son secret. Si Jean-Marie Gibbal installe son texte dans l'archipel Perros avec la délicatesse et la patiente écoute du grand spécialiste de la transe, que Les génies du fleuve avaient fait connaître au grand public en 1988, il expose tout autant l'émotion et la fascination qu'il éprouva sans cesse pour ce mystique sans Dieu. Fidèle en cela au maître dont il révèle le non-enseignement, au poète dont il souligne la rare voyance, Jean-Marie Gibbal justifie parfaitement toute la grandeur d'une lecture amoureuse.