Par millions, les électeurs français basculent dans l'abstention. Le citoyen deviendrait-il apathique et se désintéresse-t-il désormais de la politique comme l'électeur américain ? Sommes-nous en train de nous américaniser ? Pour répondre à ces questions, Françoise Subileau et Marie-France Toinet ont choisi une voie originale : analyser un ensemble de données, souvent inédites, sur les pratiques électorales en France, et les comparer à ce que l'on sait de la situation américaine. Elle démontrent ainsi que dépolitisation et désengagement sont, pour une bonne part, en France comme aux États-Unis, un mythe. Des méthodes d'investigation classiques, comme le dépouillement des listes d'émargement, ou l'enquête par sondage ou, plus nouvelles dans ce domaine, l'étude qualitative d'entretiens non-directifs, conduisent à affirmer que l'abstentionnisme complet n'existe pas en France. Et qu'il n'est, aux États-Unis, qu'une réponse à l'absence d'une offre électorale crédible. Si l'abstentionnisme existe donc durablement aux États-Unis, ce n'est pas le cas en France : un tiers des électeurs vote constamment, et les deux autres tiers ne sont que des abstentionnistes intermittents. Le plus souvent, en France comme aux États-Unis, l'abstention a une signification politique : comme l'a bien montré le vote au référendum de Maastricht, les électeurs donnent au pouvoir un avertissement. Saura-t-il l'entendre ?