Afin que nous ne pleurions plus pour ces yeux-là... Ces yeux-là : ceux de la petite Mariana Zaffaroni, et ceux des centaines d'enfants dont la dictature argentine avait fait des disparus. Enlevés en même temps que leurs parents, ou voués à naître dans les camps de détention clandestins où leur mère était sequestrée, on les a longtemps crus morts, impitoyablement éliminés comme les adultes. Seules leurs grands-mères ont gardé l'espoir acharné de les retrouver un jour vivants. C'est l'histoire du combat exemplaire de ces grands-mères de fer que retrace ce livre bouleversant. Un combat qui dure encore aujourd'hui, et qui leur a permis de retrouver la trace d'une cinquantaine de ces petits disparus : ils avaient été adoptés par des familles de militaires, souvent ceux-là même qui avaient torturé et assassiné leurs parents... Plusieurs de ces enfants, âgés de dix à treize ans, ont pu regagner leur vraie famille, à l'issue de batailles opiniâtres des grands-mères : l'émotion de ces retrouvailles, on la retrouvera dans ces pages chaleureuses. Une émotion d'autant plus intense, que ces multiples quêtes ont été menées dans l'angoisse et les souvenirs douloureux. Fruit d'une longue et minutieuse enquête, ce livre s'appuie sur des documents inédits et, surtout, sur d'innombrables témoignages : ceux de survivants, de familles des victimes, des enfants retrouvés, et même de certains tortionnaires. Ceux aussi, bien sûr, des grands-mères, héroïnes de ce roman vrai : des femmes admirables et attachantes que l'on n'oubliera plus après avoir lu ce livre.