La modernité, telle que l'analyse l'essai de Jean Chesneaux, c'est un modèle universel de croissance sociale, une organisation autoritaire de la vie quotidienne, une logique de l'inéluctable et de l'irréversible. Elle n'a donc plus grand-chose à voir avec la modernité culturelle qui fascinait tant Baudelaire et Rimbaud, Valéry et Cocteau. Avec la Ve République, la France a été mise en modernité à une cadence accélérée. Télévision et autoroutes, grands ensembles et ordinateurs ont bouleversé notre insertion dans l'espace et le temps. Nos esprits se sont alignés sur de nouvelles valeurs et de nouveaux modes. Depuis 1981, le P.S. au pouvoir a dû, à son tour, s'incliner devant la double modernité de la technique et du marché. Alors que, dans le même temps, elle imposait aux peuples du tiers monde ses effets dévastateurs... Étape nouvelle du capitalisme ? ou mutation qualitative de la société ? L'originalité de la modernité réside, peut-être, dans la combinaison de deux globalités, celle que dénonçait Sartre, et celle dont rêvait Saint-Simon : d'un côté la sérialisation des êtres, des conditions et des mécanismes, de l'autre la planète câblée, l'interdépendance inextricable des économies et des États. Cette enquête, fondée à la fois sur une riche bibliographie, et sur la référence constante à notre vécu quotidien, s'interroge en conclusion sur les alternatives et les issues. Elle recense les refus et les résistances, non par nostalgie du passé, mais par soif d'un futur différent. Coragio, mostro !