Lorsqu'ils se croisent sur les ruines toutes fraîches du mur de Berlin, en décembre 1989, Lawrence et Marianne ne se voient pas. Pourtant, quinze ans plus tôt, engagés dans un même combat, ils se sont rencontrés, et se sont aimés. Lawrence était journaliste, Marianne militante. Ensemble, ils ont redessiné le monde. Car, en ce temps-là, c'était ainsi que l'on s'aimait, lorsqu'on avait vingt ans : dans l'effervescence des idées, et dans leur déchirement. Ainsi, également, que l'on se séparait, comme des frères dont les chemins bifurquent : l'un choisit l'ordre et l'autre la fête, l'un Thésée et l'autre Dionysos. Lorsqu'on est à deux au cœur du labyrinthe, il est aisé de se perdre, car Ariane tient un fil dans chaque main. Jean-Michel Baer a écrit le roman nerveux, tendu, d'une génération qui, de la création de Libération à l'engagement dans l'humanitaire, a perdu ses repères en même temps que le sens de l'orientation. Une génération qu'il connaît bien, c'est la sienne.