Pendant quarante ans, des canonnières ont montré le pavillon français sur les fleuves de Chine. « Comment des bâtiments aussi dérisoires pouvaient-ils impunément naviguer, régenter, tirailler, jouer du canon au milieu de cet immense empire ? Il semblait que la moindre pichenette ou le plus léger frémissement d'éventail auraient pu chasser ces pauvres moustiques prétentieux, qui s'étaient arrogé le droit d'imposer leur volonté, leur commerce, leur pacotille, leurs religions à ce peuple innombrable, fier de sa civilisation si ancienne, si raffinée, si orgueilleuse. Faut-il que fussent grandes la misère, l'incurie générale, la peur du banditisme et la cupidité des Seigneurs de la guerre… » Malgré leur faiblesse, les canonnières françaises ont, cependant, su faire face aux plus graves situations, sans jamais déclencher - contre la France - des mouvements de haine ou de la violence. Dans un pays où régnait l'anarchie, elles ont assuré la sécurité de nos concessions et de leurs habitants, la protection des bâtiments battant notre pavillon, secouru tes missions, tout en effectuant un important travail d'hydrographie, et en soignant gratuitement la population. Cette page ignorée de l'histoire de la Marine française méritait de ne pas tomber dans l'oubli.