C’est un guide tout-à-fait exceptionnel et d’une formule nouvelle, chaque chapitre étant illustré par un dessin original ; il permet au visiteur, dès son entrée dans le célèbre « Désert », de suivre pas à pas, à la fois dans l’espace et à travers le temps, le destin pathétique et exemplaire de Port-Royal des Champs. Non seulement il fallait le talent d’un artiste - ou d’un écrivain - pour faire revivre la mélancolie romantique de ces prés, de ces bois et de ces eaux mortes ; plus encore, il fallait une longue familiarité avec ce vallon d’Île-de-France et ces présences immatérielles. Seule, Christiane Rogelet était en mesure de donner - aux amis et aux « pèlerins » de plus en plus nombreux - ce guide irremplaçable du Port-Royal des Champs d’aujourd’hui. Fondé au XIIIe siècle, près de la vallée de Chevreuse, le monastère cistercien reprit, après les troubles et l’effervescence de la Renaissance et de la Réforme, un éclat exceptionnel au XVIIe siècle, grâce à deux jeunes sœurs abbesses, Angélique et Agnès Arnauld. C’est alors que de violentes accusations de « jansénisme » furent portées par l’envie contre le monastère, qui faisait l’admiration de l’Europe et des papes eux-mêmes. Un scandaleux procès en Sorbonne condamna Antoine Arnauld, sans même l’avoir entendu. Pascal, à son tour, condamna les Jésuites, en publiant ses lettres « Provinciales ». Mais les attaques se succédèrent : Bulles, interdits, signatures extorquées, destruction, exils. Le roi septuagénaire prit peur et, en 1709, après une nouvelle Bulle du Pape, fit disperser les dernières Religieuses. Il ne restera pierre sur pierre... Mais ces lieux, chargés de souvenirs, s’animent d’une vie nouvelle dans cette campagne qui, aux abords de Paris, conserve le privilège de sa simplicité et de son charme.